En quoi consiste votre métier ?
C’est avant tout un métier de direction avec une vraie position de chef d’orchestre. à l’hôpital il faut savoir travailler avec des personnes et des métiers très différents. C’est un vrai travail de coordination qui sert à la fois le soin technique, la qualité et la sécurité de l’accompagnement des patients.
Sur un établissement comme Rumilly, qui reste à taille humaine, le métier de Direction requiert de travailler sur la définition de la stratégie à moyen terme tout en s’intéressant aux questions du quotidien et aux problématiques très concrètes de logistique.
C’est un métier ouvert sur l’extérieur, je suis en relation avec la municipalité, les forces de l’ordre, les acteurs de santé du territoire, le Département de Haute-Savoie, la délégation départemental de l’ARS…
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Après des études en sciences politiques, c’est le hasard d’un concours de Directeur d’hôpital qui m’a fait découvrir le monde de la santé. J’y suis restée car en tant que directrice, c’est un exercice de compréhension des autres, de synthèse et d’autonomie qui me correspond. C’est un secteur qui évolue continuellement et qui demande toujours à évoluer et s’adapter. C’est aussi un secteur épanouissement car toujours en contact avec l’humain.
Par exemple, la crise sanitaire nous pousse à modifier nos pratiques et nous a amené à accentuer la coordination et la solidarité entre les équipes et à déployer de nouvelles compétences.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après des études assez généralises, j’ai pu diversifié mes expériences. Depuis 20 ans, j’ai travaillé dans 5 hôpitaux différents et exercé sur 6 postes dont celui de chef d’établissement. J’ai commencé en tant que directrice adjointe de pôle logistique en région parisienne. Par la suite, j’ai exercé 8 ans à l’hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône comme directrice du pôle logistique puis comme directrice des finances. A mon arrivée en Haute-Savoie, j’ai continué sur une direction des finances à l’hôpital de Saint-Julien-en-Genevois, encore indépendant. J’ai pu travaillé sur la fusion avec le Centre Hospitalier d’Annecy que j’ai rejoint par la suite. C’est en 2018 que j’ai candidaté et été retenue pour le poste de Directrice du Centre Hospitalier de Rumilly.
D’après votre expérience personnelle, quel regard avez-vous sur la place de la femme dans votre secteur professionnel ?
Dans mon secteur, celui de la santé et de la direction, il n’y a pas beaucoup de différence avec les autres secteurs professionnels. On note une évolution de l’accès des femmes aux responsabilités mais encore lente et non proportionnel à leurs capacités et engagement professionnel.
La notion de regard me parle beaucoup car il faut avant tout que les femmes changent le regard qu’elles ont d’elles en tant que professionnelles. Les hommes se projettent plus facilement sur des postes à responsabilité, ceci étant moins naturel chez une femme. Il faudrait que petit à petit les femmes puissent s’imaginer sur un poste à responsabilité et osent candidater.
La construction d’une famille peut encore représenter un frein pour les carrières des femmes. Il faudrait que la société puisse évoluer pour offrir aux femmes des conditions plus égalitaires dans l’accompagnement à la parentalité.
Les stéréotypes ont aussi la vie dure. Les compétences sont égales entre les hommes et les femmes, c’est la mixité qui apporte le plus de richesse.
Comment imaginez-vous l’évolution de votre métier et la place de la femme dans ce secteur ?
Le métier de Directeur d’établissement d’hôpital public est soumis à de fortes évolutions et restructurations avec une disparition des postes de chef d’établissements autonomes au profit de quelques postes et de la multiplication de postes de directeurs adjoints ou délégués. La probabilité d’assumer un poste de direction diminue donc pour les femmes.
Des dispositifs visant la parité entre les hommes et femmes sont malheureusement encore nécessaires de nos jours. Dans mon secteur, les postes de Directeur Général de CHU sont soumis à nomination paritaire mais ce n’est pas le cas de tous les secteurs. Je ne pense pas que les métiers soient genrés mais l’accès aux postes est plus ou moins simples en fonction que l’on soit un homme ou une femme.