Plan d’eau : bilan des investigations

Plan d’eau : bilan des investigations

L’été 2020 a été marqué par les fermetures successives du plan d’eau à la baignade et à la pêche suite à des analyses d’eau non conformes aux seuils réglementaires. Le point sur cette enquête bien plus complexe qu’il n’y parait.

La base de loisirs du plan d’eau tient une place importante dans le cadre de vie des Rumilliens et offre un coin de baignade très apprécié l’été. Pour que la baignade se fasse en toute sécurité, la qualité de l’eau est contrôlée chaque année par l’Agence Régionale de la Santé (ARS) par des analyses réglementaires. Depuis 2015, on observe une dégradation de la qualité de l’eau avec des aléas moyen et bons, voire insuffisants depuis 2020.

Ces résultats, ont amené la Ville de Rumilly à mener des investigations (analyses complémentaires dites d’auto-contrôle) et à mettre en place différentes mesures dans la gestion du plan d’eau (ramassage quotidien des déchets canins et  surveillance de la mortalité des poissons pendant la période de baignade surveillée, installation d’un piézomètre pour le contrôle et le suivi de la nappe, interdiction des poids lourds sur la base de loisirs, étiage hivernal de 2 mois sur 50 cm pour minéraliser les matières organiques…).

Comprendre comment fonctionne le plan d’eau

En parallèle de ces actions, la Ville de Rumilly a décidé de mener une étude pour comprendre son fonctionnement et mettre en œuvre un plan d’actions visant à améliorer la qualité de l’eau pour la baignade de manière durable.

Cette étude, débutée en février 2019, cherchait à déterminer les points suivants :

  • fonctionnement du plan d’eau, 
  • causes potentielles de dégradation de la qualité de l’eau et compatibilité entre les différents usages. Du fait de la bonne qualité de l’eau en 2019, il n’a pas été possible d’identifier ces causes.

Les premières constatations

  1. Le plan d’eau est alimenté principalement par la nappe et accessoirement par les eaux de ruissellement du bassin versant superficiel.
  2. La nappe phréatique ne présente aucune contamination relative aux E. coli et entérocoques, excluant a priori une contamination du plan d’eau par l’intermédiaire de la nappe.
  3. Au vu des analyses, il n’y a pas de corrélation entre les précipitations et les pics de pollution bactériologique constatés, excluant une contamination du plan d’eau par le ruissellement lors des fortes pluies.
  4. Une contamination directe du plan d’eau (interne à son fonctionnement) est donc à privilégier : déjections canines / déjections de l’avifaune / contamination inter-humaine (baigneurs…).

En 2020, les contrôles sont renforcés

Avec le contexte sanitaire lié au COVID, les analyses de l’ARS sont passées à 10 prélèvements sur la période de baignade surveillée en 2020 au lieu de 5 habituellement. En complément de ces analyses réglementaires, la Ville de Rumilly a décidé de renforcer ses analyses en auto-contrôle avec le laboratoire Savoie-Labo à raison d’une analyse par semaine sur 4 points du plan d’eau (zone de baignade, au niveau de l’aire de vitalité, de l’arboretum et côté route départementale).

Si en 2019, la qualité de l’eau était excellente, les résultats de 2020 ont montré à plusieurs reprises un dépassement des valeurs limites pour les paramètres microbiologiques de type entérocoques, obligeant à fermer le plan d’eau à la baignade et à la pêche durant l’été. En parallèle, la Ville a décidé d’étendre les analyses en auto-contrôle au niveau du fossé.

Les nombreuses investigations pour trouver la source de cette pollution

Un véritable travail de fourmi s’est alors engagé pour éliminer une à une les raisons de ces mauvaises analyses. Ces investigations approfondies ont pu être menées grâce à une collaboration efficace entre la Ville de Rumilly, le service eau/assainissement de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie et VEOLIA. 

Prélèvements dans le piézomètre du plan d’eau (profondeur : 7m)

Cet investissement humain et financier a permis d’écarter plusieurs hypothèses :

  • Pas de pollution agricole : recherche de potentielles pollutions agricoles alentours, les épandage de fumier ne rejoignent pas le sens d’écoulement des eaux vers le plan d’eau.
  • Pas de pollution liée aux réseaux d’eau d’assainissement / eaux pluviales : de nombreux contrôles (caméra, colorants, raccordements, étanchéité) ont été réalisées (eaux usées de Marigny-Saint-Marcel, branchement de l’ancien camping de Madrid, refoulement du karting, contrôles du raccordement des habitations près de Terre de fenêtres et des entreprises dans la zone des Grives, réseau d’eaux usées de la rue des Grives, anciens drains d’eaux usées devant le collège, contrôle de l’étanchéité du déversoir d’eaux pluviales situé au-dessus du fossé…). Aucun problème n’a été détecté.
  • Pas de pollution liée aux ruissellement : analyses des eaux de ruissellement. Tout est conforme.
  • Pas de pollution lié aux dépôts sauvages : création d’un talus par le Conseil départemental (puis transformé en béton) pour limiter le stationnement le long de la route au-dessus du fossé suite aux dépôts sauvages observés.
  • Pas de pollution venant de la nappe : analyses du piézomètre du plan d’eau ainsi que des puits et piézomètres qui se trouvent dans le sens de l’écoulement de la nappe sur un large périmètre (depuis Balvay jusqu’au plan d’eau). Aucune pollution détectée.

Par ailleurs, il a été constaté par des plongeurs professionnels que le plan d’eau a perdu 4 mètres de profondeur en 40 ans. Cette couche sédimentaire réduit le volume d’eau et participe ainsi à l’élévation de la température de l’eau depuis plusieurs années. Par ailleurs, l’eau chargée en calcaire qui arrive de la nappe a peut-être colmaté le plan d’eau, obligeant la nappe à prendre un autre chemin, ce qui interroge sur l’alimentation du plan d’eau.

La pollution du fossé : une piste possible ?

Analyses dans le fossé

A la fin du mois d’août, les analyses prélevées dans le fossé ont révélé une pollution inédite de type entérocoques et e. choli. A deux reprises, des analyses ADN sont effectuées et montre uniquement la présence d’ADN canin.

Un curage du fossé est effectué en novembre 2020 pour supprimer toute pollution résiduelle et, en décembre, cette partie du cheminement est fermée afin de refaire des analyses sans la présence humaine et des animaux, puis vérifier si cette fermeture contribue à améliorer la qualité de l’eau du fossé qui alimente le plan d’eau.

Suite à la fermeture, les résultats d’analyses dénotent que la pollution baisse dans le fossé et aucun ADN n’est détecté. Cependant, il convient d’être prudents car aucun lien n’est établi entre la pollution de la zone de baignade et celle du fossé.

 

Les recherches se poursuivent en 2021

Les investigations menées avec VEOLIA et la Communauté de Communes ont permis d’écarter différentes sources de pollution. Mais de nombreuses questions restent sans réponse et représentent, pour cette année, une priorité pour l’équipe municipale afin de garantir une bonne qualité de l’eau pour la baignade au plan d’eau de manière pérenne.

Dès le printemps 2021, la Ville de Rumilly souhaite lancer toutes les investigations qui restent encore nécessaires pour garantir la qualité des eaux de baignade de son plan d’eau et résoudre les problèmes liés à cette pollution bactériologique.

Pour cela, la Ville procède, depuis le mois de février, au recrutement d’un cabinet d’études expert dans ce domaine du fait de sa complexité. Ce cabinet sera en charge de répondre aux nombreuses questions encore en suspens :

  • Est-ce que le plan d’eau est suffisamment alimenté en eau ? Est-il colmaté ? Est-ce qu’un curage pourrait aider à améliorer la qualité de l’eau ?
  • Etablir une relation entre la pollution du fossé et celle de la zone de baignade pour savoir si celle-ci est canine et/ou interhumaine.
  • En fonction des résultats, quels travaux sont à envisager pour garantir une bonne qualité de l’eau.
  • Etudier les activités du plan d’eau et définir si elles sont compatibles avec la baignade.
  • Etudier l’eutrophisation du plan d’eau, réaliser des prélèvements de type cyanobactéries.
  • Avec le réchauffement climatique, va-t-on pouvoir garantir une eau de baignade ? Sur quoi faut-il d’ores et déjà travailler ?