Plan d’eau : Résultats du diagnostic & Plan d’actions

Plan d’eau : Résultats du diagnostic & Plan d’actions

Depuis quelques années, le plan d’eau de la Ville de Rumilly fait l’objet d’une surveillance sanitaire renforcée, notamment en lien avec les contaminations bactériennes, qui sont susceptibles de remettre en cause l’ouverture de la baignade et des pratiques liées au plan d’eau.

Après une année particulièrement mauvaise en 2015, les analyses réglementaires effectuées par l’Agence Régionale de Santé présentent des résultats de la qualité de l’eau qualifiée de « suffisante » dès 2016. En 2019, les analyses effectuées pendant la période de baignade surveillée, ramènent la qualité de l’eau à un niveau « excellent », avant une nouvelle dégradation en 2020, entrainant deux fermetures de la baignade (du 08 au 14 juillet, puis du 29 juillet au 12 août 2020). En 2021, l’accès à la baignade a de nouveau été autorisée grâce à la mise en place de restrictions (baignade limitée à 100 personnes / interdiction des chiens et des animaux aux abords du grand plan d’eau).

En parallèle, dès le début de l’année 2021, la Ville de Rumilly a missionné un nouveau cabinet d’études (SAFEGE Savoie Technolac), en charge d’établir un état des lieux sur les données existantes et sur de nouvelles investigations sanitaires. SAFEGE Savoie Technolac a ainsi pu établir un diagnostic du fonctionnement et des dysfonctionnements observés.

I. Résultats du diagnostic du fonctionnement et des dysfonctionnements observés – SAFEGE Savoie Technolac

Le présent rapport d’analyse du cabinet d’études SAFEGE Savoie Technolac vient s’ajouter à des investigations menées dès 2019 par le cabinet TEREO. En 2020 des investigations complémentaires sont lancées, en lien avec le service Eau-Assainissement de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie, VEOLIA et le cabinet TEREO.

En 2021 un état des lieux des données existantes abouti à un suivi spécifique permettant l’élaboration du rapport du cabinet d’études SAFEGE Savoie Technolac.

A travers ce rapport, la Ville de Rumilly cherche à obtenir une vision globale du fonctionnement et des dysfonctionnements observés du plan d’eau afin de répondre aux question suivantes :

  • Est-ce que le plan d’eau est suffisamment alimenté en eau ?
  • Quelles sont les sources de pollutions bactériennes ?
  • Y-a-t-il d’autres sources de pollutions avérés ?
  • Est-ce que les activités du plan d’eau sont compatibles avec la baignade ?
  • Quels travaux sont à envisager pour garantir une bonne qualité de l’eau ?

 

A. Le renouvellement de l’eau & les analyses des sédiments 

Le rapport du cabinet d’études SAFEGE Savoie Technolac, met en avant un renouvellement de l’eau jugé correct pour un plan d’eau de ce type. Le temps de séjour moyen des eaux est de 3 mois (calculé par le rapport entre le flux moyen entrant par la nappe de Madrid et le débit mesuré en sortie de l’exutoire).

Au niveau des sédiments, aucune pollution microbienne n’apparait (pas d’entérocoques, ni d’E. coli).

 

B. La pollution bactériologique, deux sources identifiées 

  • Le fossé, première source de pollution bactériologique

La première source identifiée de pollution bactériologique provient du fossé, à proximité immédiate du grand plan d’eau.

Ce plan d’eau est entouré d’un chemin de promenade, emprunté par de nombreux marcheurs, parfois accompagnés de chiens. Une partie de ce chemin (en contrebas de l’axe routier RD3 et du skatepark) est surélevée de manière à garantir un cheminement au sec. D’un coté de ce chemin, se trouve le plan d’eau et de l’autre côté, un fossé alimenté par la nappe phréatique. Ce fossé dispose de plusieurs exutoires qui communiquent directement avec le plan d’eau.

Aucune contamination de la nappe d’alimentation de ce fossé n’est observée.

Durant la campagne 2020, les analyses réalisées sur les entérocoques et E. choli du fossé montrent la présence d’ADN canin (aucune autre trace animale et humaine ne sont observées). Les déjections canines aux abords du fossé le contaminent et cette bactériologie prolifèrent dans cette eau stagnante. Cette eau se déverse ensuite dans le plan d’eau une fois le niveau atteint pour rejoindre la buse de l’exutoire. Cela entraine une contamination bactérienne au centre du plan d’eau puis vers l’exutoire. Elle vient également contaminer la zone de baignade.

  • La zone de baignade, deuxième source de pollution bactériologique

La seconde source de pollution bactériologique est interne à la zone de baignade (interhumaine).

La zone de baignade a une surface de 4800 m2. A l’aide de la bathymétrie effectuée fin décembre 2021, le volume d’eau a été estimé à 5000 m3. La proportion de baigneurs est de 250 maximum si on rapporte ce volume à 20 m3 par baigneur.

Un îlot ensablé immergé avait été créé à l’époque afin de disposer d’un espace aquatique sécurisé et attractif pour les enfants. Cet ilot a ensuite été partiellement supprimé en 2010 de manière à favoriser des courants permettant d’évacuer les matériaux flottants, éléments ou substances, vers l’exutoire du plan d’eau.

Cet ilot ne permet pas une évacuation optimale des eaux vers l’exutoire. Ces bandes sableuses créent une cuvette, un foyer d’accumulation, qui emprisonne les contaminations, accentué notamment par un réchauffement sensible de l’eau, propice au développement des bactéries.

Enfin, le développement bactériologique de la zone de baignade est accentué par la fréquentation qui augmente en lien avec cette température plus agréable pour les baigneurs. Dans cet état de fait, avec cette cuvette, le quota serait de 50 baigneurs maximum pour garantir une « bonne » qualité d’eau.

 

C. Les autres risques de pollution à contrôler 

  • Le risque cyanobactérien : 

Il est apparu lors d’un prélèvement de l’ARS de fin juillet 2021 que l’eau présentait une contamination aux microcystines (toxines libérées par des espèces de type cyanobactéries). La contamination était « moyenne » mais des investigations ont été menées pour mesurer ce risque.

Il est diagnostiqué que ce risque est présent mais qu’il n’est pas critique.

 

Volume du plan d’eau :

Suite à la réalisation d’une bathymétrie fin 2021, il en ressort que le plan d’eau a une profondeur maximale de 8 m. Il est composé de 8% environ de sédiments (20 000 m3 de sédiments / 225 000 m3 d’eau). Ce taux est acceptable et nous ne pouvons pas parler d’un plan d’eau envasé, contrairement à ce qui avait été émis comme hypothèse au démarrage de cette étude.

 

Raisons probables / Stratification verticale :

La température du plan d’eau est forte à très forte en été (pointes à 28° C voire plus de 30 ° C). Cette température évolue significativement entre le matin et l’après-midi. Les eaux du plan d’eau font état d’une stratification thermique verticale dans les zones les plus profondes sur les 2 mètres supérieurs du plan d’eau qui tend à se dissiper pendant la nuit.

Cela peut s’expliquer par une densité plus forte pour les eaux souterraines et plus légère dans les eaux superficielles. A un certain point, ces couches d’eau ne se mélangent pas (d’où une augmentation des températures plus marquée).

Cette stratification est toutefois intermittente, dans les périodes moins chaudes et sèches, cette différence de densité diminue et les couches d’eau se mélangent à nouveau. Ce phénomène aura tendance à s’accentuer avec les effets du réchauffement climatique.

 

Conséquence :

Les teneurs en oxygène dissous du plan d’eau sont proches de l’équilibre. A contrario, les eaux plus profondes sont caractérisées par une saturation nette. La stratification verticale pendant les périodes chaudes entraine probablement la formation de couches de densité différente qui ne se mélangent pas (pas de brassage des eaux). A noter que cette faible teneur en oxygène aura tendance à fragiliser les poissons.

Cela favorise la prolifération de cyanobactéries. Les eaux inférieures calmes, pauvres en oxygène dissous, subissent un relargage de phosphore, nutriment naturellement présent dans les sédiments, qui est consommé par les cyanobactéries. Puis, elles remontent dans la colonne d’eau, couche favorable par rapport à sa température élevée et pour la présence de lumière.

 

Apports de phosphore anthropique :

Une quantité importante de phosphore a été analysée au droit des enrochements côté karting. Les cyanobactéries recherchent ce nutriment.

L’amorçage produit des apports en phosphore qui se dégradent rapidement par rapport à la température de l’eau là où la stratification verticale n’a pas lieu. Cet apport, corrélé à une période propice au développement des cyanobactéries, peut accélérer le développement de celle-ci (de mai jusqu’à fin de l’été). Il apparait en revanche que le plus gros apport de phosphore vient de la nappe au niveau des apports agricoles (fertilisation ou épandage/déjections animales).

 

  • Bilan sur les éléments chimiques : 

Concernant le stockage industriel historique, autorisé et suivi par la Préfecture, les analyses réalisées ne font état d’aucune contamination du plan d’eau de baignade depuis ce stockage.

Il est préconisé de mettre en place un suivi ciblé sur un panel plus vaste de paramètres et de le réaliser aussi en été ainsi que sur une année hydrologique complète a minima, pour être en mesure de tirer des conclusions sur le long terme. TEFAL travaille en étroite collaboration avec les équipes de la Ville de Rumilly depuis de nombreuses années et continuera dans le cadre de cette étude.

 

II. Le plan d’actions des travaux : 

La Ville de Rumilly, après avoir missionné le cabinet d’études SAFEGE Savoie Technolac pour l’élaboration de ce rapport, a décidé d’agir dès 2022 de manière à éviter tout nouveau risque de pollution bactériologique qui entrainerait la fermeture forcée des activités liées au plan d’eau.

Pour chacun des travaux envisagés, la Ville de Rumilly, travaille actuellement, en lien avec les entreprises du territoire, sur le plan d’actions précis qui permettra de définir :

  • La nature des travaux à mettre en œuvre ;
  • Le coût ;
  • Le calendrier.

 

  • Le fossé : 

Concernant les contaminations du fossé, il est envisagé de déconnecter ces eaux et de les évacuer vers un exutoire naturel (aval du plan d’eau) ou un réseau d’assainissement limitrophe.

A cette fin, une étude de faisabilité est actuellement en cours avec, en premier lieu un relevé topographique qui permettra d’étudier les solutions à mettre en œuvre.

  • La zone de baignade : 

Concernant la zone de baignade qui empêchent une circulation des eaux, il convient de réaliser une suppression des bandes qui l’encadrent (sable et gravier).

Cela passe par des travaux de gros œuvre afin d’enlever les matériaux et de les évacuer. Des études sont actuellement en cours.

 

Après ces travaux, une autre option complémentaire serait à envisager, celle d’un système de pompage spécifique (bullage par injection d’air (compresseur) dans les parties profondes).

Cela pourrait traiter deux problématiques à la fois :

  • Augmenter la circulation des eaux pour faire évacuer les bactéries si la circulation des eaux de baignade n’est pas suffisante malgré la suppression de l’ilot ;
  • Ramener de l’oxygène dans la couche profonde là où la stratification verticale est présente afin de limiter le développement de cyanobactéries.

 

Cependant, cette seconde option serait plus complexe à mettre en œuvre et aurait des coûts de fonctionnement, notamment en énergie.

 

  • Risque cyanobactérien  : 

Le risque est actuellement modéré et il est préconisé de mettre en place un protocole de surveillance en lien avec l’ARS.

L’activité de pêche à la carpe reste acceptable pour autant que les amorces des pêcheurs soient modérées.

 

III. Les conséquences sur les activités liées au plan d’eau 2022

Afin d’éviter de revivre des épisodes de fermeture de dernières minutes qui seraient liés à de nouvelles analyses insuffisantes de la qualité de l’eau, et qui entraineraient très certainement une fermeture par l’ARS de la baignade jusqu’en 2024, la Ville de Rumilly a décidé d’anticiper et de mettre en œuvre les travaux ciblés rapidement.

Ainsi, les activités liées au plan d’eau en 2022 seront règlementées de la manière suivante.

 

  • Les activités interdites en 2022 sur la base de loisirs 

La baignade sera interdite en 2022. Tout contrevenant s’exposera aux sanctions visées aux arrêtés.

  • Les activités autorisées en 2022 sur la base de loisirs 

  • La pêche ;
  • La promenade autour du grand plan d’eau (chiens autorisés mais les déjections doivent obligatoirement être ramassées) ;
  • Les activités à proximité du plan d’eau (sentiers de randonnée, vélo, karting, skatepark, …)

Une communication auprès du grand public est mise en œuvre afin d’informer l’ensemble des usagers de la base de loisirs et la population de Rumilly et de ses alentours.