Agnès Villenfin – Peintre en bâtiment à la Ville de Rumilly

En quoi consiste votre métier ?

Je suis peintre en bâtiment pour la Ville de Rumilly. Ça veut dire s’occuper intégralement de la rénovation des murs, du ponçage, arrachage de papier peint jusqu’à la finition de la dernière couche de peinture.

Pourquoi avoir choisi cette voie ?

J’ai d’abord été prothésiste dentaire puis j’ai décidé de me reconvertir dans le secteur des peintres en bâtiments. J’avais une amie qui travaillait dans ce domaine et qui m’a initié à ce travail qui m’a beaucoup plu.

C’est un secteur qui bouge tout le temps, toujours en mouvement. On est sur le terrain, en contact avec des clients, des professionnels de ce secteur…

Quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai choisi de me former auprès des compagnons du tours en 2009. Cette période fut très compliquée car ce secteur et cette formation sont majoritairement réservés aux hommes. Sur 250 élèves, nous n’étions que 4 femmes. Cet univers masculin pousse toujours les filles à faire leur preuves.

Le premier maître compagnon auprès duquel j’ai débuté mon apprentissage m’avait choisie pour me prouver qu’une fille n’avait pas sa place sur un chantier. Lors de ma première collaboration avec lui, il m’a fait monter 40 seaux de crêpi sur un échafaudage de 5 étages pour ne finalement en avoir besoin que de deux. J’ai senti que je ne devais pas montrer de failles. Il a vraiment fallu prouver ma motivation et mon envie de travailler dans ce secteur.

Mon deuxième maître de stage n’avait pas cet apriori sur le travail des femmes et a été très formateur. J’ai beaucoup appris à ses côtés.

J’ai d’abord travaillé dans le secteur privé pour de petites entreprises puis j’ai intégré la Ville de Rumilly l’année dernière. J’ai d’ailleurs été très bien intégrée dans l’équipe des services techniques.

D’après votre expérience personnelle, quel regard avez-vous sur la place de la femme dans votre secteur professionnel ?

Malheureusement, il existe encore pas mal de stéréotypes sur les femmes dans le bâtiment. Généralement, quand une équipe masculine apprend qu’une femme va intégrer leur équipe, ils pleurent à l’arrivée puis au départ. A l’arrivée car ils ont parfois une image négative d’une femme peintre. Au départ, car la confiance s’installe et crée une relation constructive et riche.

Être une femme a aussi été un atout quand je travaillais dans le privé car les clients font plus facilement confiance. La femme renvoie l’image de mieux s’appliquer dans la protection des meubles, les finitions, le soucis du détails.

Dans ma formation, j’ai pu expérimenter une différence hommes / femmes. Les femmes n’ont pas le droit de faire le tour de France des compagnons et ne peuvent donc pas devenir maître compagnon. Ceci est dû au fait que les femmes auraient besoins d’espaces privés et sanitaires particuliers et que tous les compagnons ne sont pas équipés pour les recevoir. Mais cette différence devrait évoluer, les choses changent petit à petit.

Comment imaginez-vous l’évolution de votre métier et la place de la femme dans ce secteur ?

On sent encore que les femmes doivent faire leur preuve mais elles s’intègrent de mieux en mieux. J’ai de plus en plus de femmes dans mon réseau professionnel. Et je ne peux que les encourager dans cette voie. Il faut être motivée et bien entourée car c’est un fort investissement mais c’est un travail très épanouissant.