Le Chéran se libère de son dernier seuil artificiel

Pour rendre à ce cours d’eau sauvage sa continuité écologique, le seuil de l’Aumône va être supprimé sur le Chéran. Les travaux débutent ce mois d’août.

La continuité écologique dans une rivière, c’est permettre aux organismes vivants de circuler librement (continuité piscicole) et assurer le bon déroulement du transport des sédiments (continuité sédimentaire).

Sur le Chéran, trois ouvrages artificiels existaient en aval du seuil naturel de Banges situé sur la commune d’Allèves. Après avoir supprimé le seuil près de l’usine Nestlé en 2016, puis restauré la franchissabilité piscicole du seuil d’Alby-sur-Chéran, le seuil de l’Aumône constitue le dernier ouvrage impactant la continuité écologique sur le Chéran. Le syndicat mixte interdépartemental d’aménagement du Chéran (SMIAC) va procéder à sa suppression. Les travaux débutent au mois d’août et devraient se terminer en novembre.

Les étapes du chantier

  • Déconstruction totale du seuil (barrage) maçonné sur plusieurs mètres de haut
  • Déconstruction des bâtiments annexes et des ruines d’anciens ouvrages
  • Réalisation d’un ouvrage de protection de berge (Cité du Chéran)
  • Restauration et diversification écologique de la rivière sur 600 mètres linéaires
  • Aménagement d’une zone humide
  • Rétablissement d’un accès de proximité à la rivière pour les promeneurs et les pêcheurs

Ces travaux se dérouleront en journée du lundi au vendredi et pourront causer des nuisances sonores, en particulier lors de la démolition du seuil qui nécessite l’utilisation d’un brise-roche hydraulique.

Pourquoi rétablir la continuité écologique ?

La restauration de la continuité écologique vise à retrouver des rivières vivantes, dynamiques et fonctionnelles, capables de rendre de multiples services. Cela favorise :

  • la libre circulation des organismes vivants (poissons, invertébrés,) depuis la confluence avec le Fier vers les zones refuges situées en amont du Chéran.
  • le bon fonctionnement des lieux de reproduction, d’alimentation, de repos, souvent situés au sein des végétaux aquatiques ou sous les blocs de pierre au fond des cours d’eau.
  • le transport naturel des sédiments : les graviers venus des Bauges pourront ainsi continuer leur route et diversifier les habitats aquatiques dans les gorges du Chéran.
  • le rétablissement des connexions latérales avec les réservoirs biologiques.

En retrouvant son lit et sa pente naturelle, le Chéran sera moins impactant pour les berges. Mieux oxygéné, il permettra une meilleure autoépuration des eaux. Cette dynamique retrouvée limitera le réchauffement de l’eau du au changement climatique.

Un vestige du passé industriel de Rumilly

Dans les années 1840, une filature de coton met en place moulins et aqueducs sur le Chéran pour son activité.
Au 20ème siècle, le seuil et le droit d’eau deviennent propriété des Tanneries Baud, et sont utilisés jusqu’en 2015 par l’entreprise spécialisée dans l’apprêt et le tannage des cuirs. Ce barrage servait également à alimenter en eau la pisciculture de la gaule du Chéran depuis les années 60.
Cédés pour un euro symbolique en 2016, le seuil, les ouvrages associés et la pisciculture appartiennent aujourd’hui à la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie, qui engage l’effacement de l’ouvrage pour répondre aux exigences réglementaires.

Cette action contribue à consolider la labellisation du Chéran « Site rivières sauvages » obtenue en 2019. Elle est soutenue et financée par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, le département de la Haute-Savoie et le SMIAC.